L’efficacité de la défense des intérêts des syndicats et des négociations collectives dans le cadre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF) dépend de l’engagement actif des travailleurs dans divers secteurs. Il est essentiel d’examiner comment les travailleurs perçoivent l’importance de la ZLECAf.

Recherche sur la sensibilisation, la connaissance et les défis de la zone de libre-échange continentale africaine (ZCLEF) parmi les travailleurs africains, une étude récente de l’African Labour Research and Education Institute (ALREI) de la CSI-Afrique, donne un aperçu des perceptions des travailleurs sur la ZLECAf en abordant les questions suivantes:

1. Dans quelle mesure les travailleurs sont-ils informés sur la ZLECAf et ses effets sur leurs moyens de subsistance?
2. Que pensent les travailleurs des avantages et des défis potentiels de la ZLECAf, et ont-ils des préoccupations ou des réserves particulières?
3. Les travailleurs considèrent-ils que la ZLECAf est pertinente pour leur vie quotidienne et se sentent-ils habilités à participer aux discussions et aux activités relatives à l’accord?

En se concentrant sur les travailleurs, cette recherche enrichit notre compréhension du potentiel de la ZLECAF et des domaines cruciaux pour parvenir à un développement économique inclusif et durable.

Aperçu des données démographiques des participants à l’enquête ALREI

Un échantillon diversifié de travailleurs représentant différents secteurs et niveaux d’éducation dans 47 États parties de la ZLECAF dans cinq régions a participé à l’enquête. Quelque 2 896 travailleurs des secteurs formel et informel ont participé à l’enquête, qui a débouché sur plusieurs recommandations visant à améliorer l’engagement, la compréhension et les perspectives des travailleurs qui constituent l’épine dorsale de l’économie africaine.

Résumé des résultats de l’étude

Dans quelle mesure les travailleurs sont-ils bien informés sur la ZLECAf et son impact sur leurs moyens de subsistance?

Selon l’enquête, la plupart des travailleurs (78,8 %) savent que la ZLECAf existe, mais n’en ont pas une compréhension approfondie.

60,4 % des participants à l’enquête ont exprimé un faible niveau de compréhension de la ZLECAf, indiquant des lacunes dans les connaissances sur des sujets tels que le commerce des biens et des services, les procédures commerciales, les nuances en matière d’investissement, les droits de propriété intellectuelle et les avantages de l’accord de libre-échange.

La plupart des participants estiment que la sensibilisation et la connaissance de la ZLECAf parmi leurs pairs, leurs collègues et les citoyens sont généralement faibles.

57,7 % des participants ont explicitement mentionné le manque d’informations sur la manière d’accéder aux accords commerciaux, de s’y engager et d’en tirer profit.

Au niveau régional, les disparités sont évidentes, l’Afrique centrale ayant le niveau de sensibilisation et de connaissance de la ZLECAF le plus bas par rapport aux autres régions.

Quelles sont les perceptions des travailleurs concernant les avantages et les défis potentiels de la ZLECAF, et ont-ils des préoccupations ou des réserves particulières?

67,6 % des personnes interrogées pensent que la ZLECAf sera bénéfique pour les travailleurs africains, malgré quelques inquiétudes (45,1 %). Plus de 80 % d’entre eux sont prêts à plaider en sa faveur. L’impact de l’accord sur l’égalité des sexes et l’emploi des jeunes suscite l’optimisme, même si l’incertitude demeure en Afrique de l’Est. Des initiatives ciblées pourraient être nécessaires pour répondre aux préoccupations des différentes régions.

Les travailleurs considèrent-ils que la ZLECAf est pertinente pour leur vie quotidienne et se sentent-ils habilités à participer aux discussions et aux actions liées à l’accord?

L’enquête a analysé la pertinence de la ZLECAf pour les différents segments de la main-d’œuvre et a identifié les gagnants et les perdants potentiels de l’accord. Si l’accord commercial est plus pertinent pour les travailleurs qualifiés, les jeunes et les femmes, il existe des disparités entre les secteurs, certains anticipant des avantages significatifs tandis que d’autres prévoient des gains limités. En particulier, les travailleurs du secteur informel, les femmes occupant des emplois non qualifiés et les jeunes ont perçu des défis dans le cadre de la ZLECAf.

Les gagnants et les perdants perçus dans le cadre de la ZLECAf

Indice de sensibilisation et de connaissance de la ZLECAF

ALREI a introduit les indices de sensibilisation et de connaissance de la ZLECAF par le biais de cette enquête. Ces indices serviront de référence pour tous les efforts et campagnes de sensibilisation et de connaissance de la ZLECAF, tant au niveau national que régional en Afrique.

Le premier indice montre que la connaissance de la ZLECAf est faible dans toutes les régions. Cependant, les travailleurs ont un niveau satisfaisant de connaissance de la ZLECAf, ce qui peut constituer une base pour approfondir leur compréhension et leurs connaissances.

Recommandations

Les résultats de l’enquête indiquent plusieurs recommandations pour l’action syndicale:

  1. Utiliser les canaux médiatiques et les plateformes éducatives appropriés pour sensibiliser les travailleurs et améliorer leur compréhension de la ZLECAf.
  2. Établir des partenariats avec les institutions et organisations concernées pour organiser des séminaires, des ateliers et des programmes de formation afin de doter les travailleurs des connaissances et des compétences nécessaires pour naviguer efficacement dans la ZLECAf.
  3. Renforcer la sensibilisation et la connaissance de la ZLECAf en adoptant et en appliquant les indices proposés par l’enquête ALREI. Ces indices établiront des normes pour toutes les initiatives et campagnes de sensibilisation et d’information sur la ZLECAF, au niveau national et régional, dans toute l’Afrique.
  4. Mener des enquêtes annuelles pour valider l’indice de connaissance de la ZLECAf proposé afin d’améliorer la compréhension de la ZLECAf, d’aborder les questions liées au travail et de faire progresser les Objectifs de développement durable. Commander des rapports sectoriels sur la sensibilisation et les connaissances en fonction des besoins.
  5. Lancer des programmes spéciaux pour promouvoir l’inclusion et l’autonomisation des femmes et des jeunes dans le contexte de la ZLECAf.
  6. Examiner comment les régions peuvent améliorer l’accès aux marchés africains par le biais du protocole sur le commerce des biens et des services.
  7. Étudier les possibilités d’emploi dans le cadre de la ZLECAF, notamment les secteurs qui en bénéficieront, les types d’emplois créés et la répartition des possibilités d’emploi dans les différents segments de la main-d’œuvre.
    Collaborer avec des partenaires pour promouvoir le programme de la ZLECAF au profit de tous les travailleurs.

Défis et opportunités pour les travailleurs dans le cadre de la ZLECAf

Principaux défis

Dynamique de l’emploi et déplacement d’emplois: Le ZLECAf offre des opportunités de création d’emplois, mais suscite également des inquiétudes quant au déplacement d’emplois dans des secteurs spécifiques. Certains secteurs, notamment l’agriculture, le textile et l’industrie manufacturière peu qualifiée, pourraient être confrontés à des défis en raison de la concurrence accrue d’autres pays [Groupe de la Banque africaine de développement].

Intégration du secteur informel et obstacles réglementaires: Il peut être difficile d’inclure le secteur informel dans l’économie formelle en raison de ressources limitées et d’obstacles réglementaires. Des politiques adaptées sont nécessaires pour aider les travailleurs du secteur informel à passer aux réglementations commerciales formelles et à les respecter.

Disparité entre les sexes et inclusion: Les disparités entre les hommes et les femmes persistent au sein de la ZLECAF, ce qui souligne la nécessité de mettre en place des politiques tenant compte de la dimension de genre afin d’autonomiser les femmes dans les activités liées au commerce. Diverses études montrent que la ZLECAF pourrait accroître la participation des femmes à la population active et réduire l’écart salarial entre les hommes et les femmes.

Défis dans certains pays africains

Nigeria: Le secteur manufacturier est menacé par la concurrence des pays voisins. L’emploi dans l’industrie textile a diminué en raison de la concurrence des importations moins chères après la mise en œuvre de la ZLECAf.

Ghana: l’intégration du secteur informel suscite des inquiétudes. Les négociants informels ont du mal à respecter les réglementations commerciales officielles, ce qui entrave leur participation à l’économie formelle.

Kenya: Risque de pertes d’emplois dans le secteur manufacturier, selon une étude de l’Institut kényan de recherche et d’analyse des politiques publiques.

Principales opportunités

Autonomisation économique: La ZLECAf a le potentiel de stimuler la croissance économique et de créer des opportunités d’emploi en établissant un marché unique qui augmente les volumes d’échanges et les activités commerciales.

L’égalité des sexes et l’inclusion: Dans l’économie formelle de l’Afrique subsaharienne, les femmes sont surreprésentées [OIT]. Les disparités entre les sexes persistent dans le cadre de la ZLECAF, reflétant des défis plus larges pour les femmes dans le commerce. La promotion de l’égalité des sexes pourrait garantir une participation et un accès équitables aux opportunités de la ZLECAF pour les femmes.

Opportunités dans le secteur de l’agriculture: Le secteur agricole, qui emploie de nombreuses personnes sur le continent, pourrait bénéficier d’une productivité accrue, d’une valeur ajoutée et d’un accès au marché dans le cadre de la ZLECAf [Commission économique des Nations unies pour l’Afrique]. En supprimant les barrières commerciales, la demande de produits agricoles pourrait augmenter, ce qui permettrait de créer des emplois et d’améliorer les moyens de subsistance, en particulier dans les zones rurales.

Fabrication et développement industriel: La ZLECAF pourrait conduire à plus de développement industriel et d’activités manufacturières [Groupe de la Banque africaine de développement] et créer des emplois et des économies diversifiées. Cependant, nous devons répondre aux besoins d’infrastructure et améliorer la compétitivité pour en bénéficier pleinement.

Voir l’étude complète: Recherche sur la sensibilisation, la connaissance et les défis de la zone de libre-échange continentale africaine (ZCLEF) parmi les travailleurs africains

ARTICLE CONNEXE: Combler le fossé de la main-d’œuvre: La ZLECAf peut-elle renforcer les capacités des jeunes, des femmes et des travailleurs du secteur informel en Afrique?

Combler le fossé de la main-d’œuvre

 

 

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L'African Labour Research and Education Institute (ALREI) est un institut de recherche et d'éducation indépendant de la CSI Afrique. Nous soutenons, stimulons et renforçons le mouvement syndical africain.

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